Fatogoma KEITA
Jeune Diplomé Tél. :77838443
Bamako
Introduction
Identité culturelle Mandingue
Pour traiter de l’identité culturelle à travers les faits de langage, il faut se référer à ce qu’est la compétence langagière. De la notion de compétence linguistique on est passé, dans les années quatre-vingt, sous l’influence de l’ethnographie de la communication et de la philosophie du langage, à la notion de compétence communicative, voire de compétence pragmatique. Acte est donc pris que la langue doit être étudiée en relation avec son conditionnement social, l’intention qui préside à sa mise en œuvre et les contraintes de l’action dans laquelle elle est employée.
Ma contribution au concours s’articulera sur l’identité culturelle mandingue dans l’espace mandingue mais aussi à l’étranger (communauté mandingue dans les diasporas). L’aire culturelle mandingue est très diverses et se compose ;
-les nobles, les hommes libres de naissance ;
-les gens de caste ; artisans, artistes de la parole, griot…
– les wôloso, les captifs domestiques, attachés et souvent très intégrés aux familles de leurs anciens maîtres,
– de variantes dialectales étant parfois assez importantes entre les différents parlers de l’aire ;
Traditionnellement, les nobles devaient protéger et entretenir leurs griots ; en échange, ces derniers sont tenus de les louer publiquement, en particulier lors des occasions cérémonielles, en chantant leur fasa c’est-à-dire la devise de leur famille, destinée à les honorer par le rappel de leurs glorieux ancêtres.
Les lignées de griots sont attachées à des lignées de noble suite d’un certain nombre d’événements, le plus souvent guerriers, en partie historiques, en partie mythiques, qui ont défini des alliances fondées généralement à l’origine, l’ancêtre griot a été l’artisan de la victoire du héros noble en exaltant sa bravoure.
Depuis les années de l’indépendance, une importante communauté mandingue, en provenance d’Afrique de l’Ouest, s’est installée dans beaucoup de continent. Les risques de perte identitaire peuvent apparaître grands, plus la nostalgie de la culture originelle se fait sentir en terre d’immigration plus la durée du séjour est longue. Pour préserver son identité culturelle, cette communauté fait venir les artistes traditionnels, appartenant à un groupe social défini qui ont pour rôle d’interpréter les grands cérémoniels du patrimoine oral mandingue telles que lors des mariages, baptêmes, funérailles, fin de Ramadan facilité et unie par l’usage d’une même langue (en ses différentes composantes dialectales) et par la conservation de pratiques culturelles communes donnant lieu à des rassemblements à l’occasion de certaines cérémonies telles que mariages, baptêmes, funérailles, fin de Ramadan,
C’est sans doute ce qui explique la demande de plus en plus forte de la communauté mandingue immigrée au sein des diasporas qui se mobilise pour faire venir ponctuellement des griots pour certaines grandes occasions pour réentendre leurs origines et dissiper la nostalgie du pays. Il ne fait pas de doute que la présence des artistes renforce le lien social entre les membres de cette communauté. L’histoire des quatre dernières décennies nous montre que, dans ces communautés, le rôle des griots/griottes dans la pratique de leur dimension aussi bien sociale que culturelle, loin de se réduire, s’est au contraire renforcée tout en évoluant sensiblement.
Dans les interprétations à destination des assemblées mandingues de l’immigration parisienne, les griots semblent se servent de l’un ou l’autre des instruments strictement traditionnels, suivant la tradition de leur propre lignée et n’ont généralement pas recours à des instruments de tradition extérieure au monde manding. Avec ces instruments, ils s’en tiennent aux mélodies connues, même si certains avouent adapter un peu le rythme au goût des générations plus jeunes qui apprécient les airs plus dansants.
Ce relatif conservatisme musical des performances de griot au sein de la communauté mandingue s’accompagne d’une liberté un peu plus grande dans le traitement de la parole. Il ne s’agit certes pas d’abandonner les thèmes et les motifs des genres traditionnels de griot ni de modifier les références généalogiques des fàsa, mais plutôt de surajouter à ces éléments d’autres motifs correspondant davantage aux préoccupations de la communauté en situation de déracinement relatif. Presque tous les griots et griottes reconnaissent que, dans leur rôle d’interprètes des genres cérémoniels auprès de la diaspora mandingue (mariages, baptêmes etc.), ils ont le souci d’introduire, en plus des thèmes attachés à l’œuvre ou au genre, des allusions au retour au pays natal.
Les artistes invités ne sont pas nécessairement des griots mais tous ceux qui sont les garants de la tradition. Il n’empêche que cet engouement d’un public non mandingue a certainement fonctionné comme un attrait pour la corporation des griots en qui a vu là la possibilité de jouer en hors de l’Afrique un double rôle et, partant d’en tirer une double source de profit : à la fois le rôle de généalogistes traditionnels auprès de la communauté des compatriotes immigrés et celui d’artistes, au sens plus moderne du terme, se produisant sous des formes qui relèvent davantage de la société du spectacle (concerts, enregistrements…) à destination d’un auditoire plus international.
Il convient de considérer que la tradition n’est pas figée et est en constante évolution, y compris dans l’aire mandingue d’Afrique de l’Ouest où les griots, dans leurs musiques comme dans leurs discours, tout en se référant aux genres de la tradition griotique, cherchent à les adapter à des goûts nouveaux. L’étalon de référence que serait un patrimoine verbal et musical traditionnel n’est donc pas un objet stable et clairement identifiable.
Il va de soi qu’à l’intérieur de l’aire culturelle mandingue, selon qu’on se trouve en pays bambara, dioula, malinké, soninké…, les créations des griots sont énoncées dans le parler spécifique du terroir, par les griots locaux qui appartiennent à ce même terroir. Dans la mesure où la communauté mandingue immigrée est disparate et que ces éléments disparates ont tendance à se réunir ensemble à l’occasion de certaines manifestations au nom du sentiment d’une commune identité mandingue, la plupart des griots qui, parce que ce sont des hommes de la communication, ont pris conscience de cette situation spécifique à la diaspora, se sentent tenus de la prendre en compte dans leurs performances.
La communauté immigrée mandingue afin de minimiser le choc culturel qui vient naturellement quand on a l’occasion de vivre à l’étranger, de faire l’expérience des relations humaines dans une vie quotidienne, amicale et de travail d’une société différente s’accroche à ses Griots mandingue qui a mon avis jouent parfaitement leur rôle depuis la rencontre de Kurukan fuga en 1236.